Surconsommation équestre : vers une équitation plus responsable et consciente

14 Nov 25 | Equestrian marketing | 0 commentaires

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Entre les hauls Instagram, les ensembles assortis cheval/cavalière et les codes promo à tout va, la surconsommation s’est invitée jusque dans nos selleries. Le matériel équestre est devenu un véritable marqueur social, parfois plus important que la relation au cheval lui-même. Pourtant, de plus en plus de cavaliers cherchent aujourd’hui à consommer différemment — à donner du sens à leurs achats, à soutenir des marques responsables, à revenir à une pratique plus simple et plus authentique.

Moi la première : après des années à accumuler, j’ai fini par choisir la sobriété et la conscience. Dans cet article, je te partage ma réflexion sur cette ambivalence entre passion, influence et consommation, et comment nous pouvons, chacun à notre échelle, contribuer à une équitation plus durable.

Black Friday, Noël, soldes d’hiver… et les hauls s’enchaînent sur les réseaux. Le milieu équestre n’échappe pas à la tendance : tapis, guêtres, bonnets assortis — parfois à peine sortis du carton qu’ils sont déjà remplacés. J’avoue halluciner quand je vois des « sellerie tours » chez certaines ! Elles ont limite plus de tapis que j’ai de culottes (et je ne suis pas sûre d’exagérer tant que ça !). Et chaque tapis a son jeu de protections/bandes et bonnet attitrés. Sans compter bien sûr, sur l’outfit assorti pour la cavalière. C’est flippant !

Je ne jette pas la pierre, j’ai moi-même longtemps fait partie de cette frénésie. Acheter, c’était appartenir au “monde des cavaliers”, se sentir légitime. Jusqu’à ce que la vie me force à revoir mes priorités : chômage, ventes forcées, et un retour au strict nécessaire. Aujourd’hui, j’ai moins, mais mieux. Et surtout, j’ai retrouvé le sens de ma pratique.

Quand l’achat devient un marqueur social

Quel est le but de tout ça ? Un plaisir éphémère de se sentir stylé le temps d’une séance ? De belles photos ?Sur Instagram, la “valeur” d’un cavalier semble parfois se mesurer au prix de son matériel. Les “sellerie tours” rivalisent avec des boutiques entières, et les influenceurs multiplient les collaborations. Mais à quoi bon ?

Un tapis hors de prix ne remplacera jamais une bonne équitation. Et c’est là tout le paradoxe : plus on cherche à se montrer, moins on vit l’essence même du cheval — la relation, la progression, l’humilité.

Vers une consommation plus responsable

Heureusement, les mentalités évoluent. De plus en plus de cavaliers veulent comprendre ce qu’ils achètent, et comment c’est fabriqué. On se rend compte qu’on est de plus en plus nombreux à chercher du sens dans nos achats, on va s’attarder sur les valeurs d’une marque, les conditions de fabrication de ses produits, les conditions sociales ainsi que les conséquences sur l’environnement. Quand on fait quelques recherches sur la surconsommation au sens large du terme, on peut tomber sur des études récentes qui concluent que de plus en plus de consommateurs sont en recherche de durabilité. Ils sont prêts à payer plus cher mais à condition de le faire pour un produit qui tient dans le temps, qui répond à certaines exigences éthiques. Bon après, on n’est pas encore sur un switch du mode de consommation générale quand on voit les marques d’ultra fast fashion (coucou Shein) . Mais cet intérêt nouveau pousse de nombreuses marques à accorder une plus grande importance à certains critères, notamment la composition des produits.

Des marques comme Tacante misent sur l’éthique, la durabilité et la transparence. Des initiatives comme Equitry (location de matériel) ou Recycl’Horse (recyclage textile) montrent qu’une autre voie est possible.

Acheter responsable, c’est aussi acheter moins, mais mieux. C’est accepter que tout ne soit pas parfait, mais faire un pas dans la bonne direction.

L’équitation de consommation : quand on oublie le cheval

On en vient à oublier le principal dans tout ça. Et le cheval ? A-t-il besoin de porter un bonnet ? Parce que si ce n’est pas le cas, pourquoi lui en imposer un ? Le phénomène dépasse le simple matériel. On consomme même notre relation au cheval. Certains veulent des résultats sans effort, changent de monture comme de paire de bottes, ou s’attendent à ce que tout soit prêt à leur arrivée au club. N’oublions pas que les influenceurs équestres sont suivis par un public très jeune. Quelle image ça donne ? On en arrive au point où notre qualité de cavalier ne se trouve plus dans notre technique équestre, notre capacité à comprendre sa monture, son travail mais dans la marque de son tapis, le montant dépensé dans son matériel et la capacité à assortir tenue du cavalier et tenue du cheval. Triste, non ?

Je me devais de faire le lien entre la surconsommation de produits et l’équitation de consommation que l’on peut régulièrement observer. Parce que c’est une suite logique finalement. Ça fait plusieurs années que nous sommes matraqués de discours, d’images, de slogans nous montrant que tout est jetable ou remplaçable finalement. Ça s’applique aux vêtements, aux objets de déco et même aux relations humaines, surtout amoureuses. Logique que ça touche notre sport. Combien de fois on a pu voir sur les réseaux qu’un cheval en remplace un autre si ses performances ne sont pas suffisantes ?

Sans aller jusque là, la 1ère chose qui m’a fait tiquer c’est le développement de plus en plus de gadgets il y a quelques années. Si certains sont très intéressants et mettent réellement la technologie au service du cheval et de son cavalier (je pense par exemple à Kavale en cas de chute et à Arioneo pour vérifier si la couverture du cheval est adaptée à la température et la météo) d’autres étaient vraiment WTF (coucou horseCom et ses écouteurs pour chevaux). On ne ressent plus, on n’observe plus, on ne prend plus le temps. Aujourd’hui, je trouve qu’on est sur une équitation qui s’éloigne de plus en plus de l’animal.

Mais monter à cheval, c’est bien plus que “faire du cheval”. C’est une relation vivante, faite de patience, d’écoute et de temps. Si on ne prend plus le temps de sentir, d’observer, de comprendre… alors on perd ce qui fait la beauté de notre sport.

Reprendre le contrôle de sa consommation équestre

Au départ, à l’époque de l’essor des blogs, notamment beauté, les influenceurs nous permettaient de se faire une idée de tel ou tel produit. On avait un avis objectif, loin des publireportages payés une fortune par la marque dans les magazines. Les avis des influenceurs étaient, en plus, assez construits, avec des détails. Aujourd’hui, ils sont sollicités de toute part, payés par les marques, finalement, il n’y a plus besoin de rentrer dans les détails et en plus, il faut brosser la marque dans le sens du poil. On se retrouve donc avec des « trop mims », « trop beau », « j’adore » et basta. Il est difficile de trouver d’une recommandation réfléchie de la part des influenceurs, d’avoir un retour objectif et construit sur un produit : comment il tient dans le temps, le confort, l’utilité, le mode d’utilisation et pas juste un trop bien/trop beau. Après tout, les influenceurs ont pour rôle de nous guider dans nos choix de consommation, ils peuvent donc le faire de façon éthique et responsable et pas juste aveuglement. Il est nécessaire de prendre conscience de la jeunesse de leur public et du fait d’être un vecteur avec un vrai pouvoir de parole pour sensibiliser et éduquer. Devenir influenceur c’est aussi avoir cette responsabilité là. Ce n’est plus juste se montrer, le poids est trop important, la portée trop grande. Les plus jeunes sont les plus sensibles à cette communication, surtout dans le milieu équestre. Et prenons également nos responsabilités, apprenons à consommer le contenu des réseaux intelligemment (likit est-il si bon que ça ? Ce tapis en satin, aussi joli soit-il, sera-t-il pratique (facile à porté, pas fragile…) ?) L’achat devient social. Il est devenu un vecteur d’appartenance à travers lequel on se sent exister, on se sent meilleur, plus sûr de soi. Pendant un temps, on achetait certains équipements pour faire comme tel ou tel pro, on prenant exemple. Aujourd’hui, ce sont les influenceurs qui détiennent le monopole et à travers nos achats, on marque notre appartenance à un groupe qui se retrouve derrière la même figure de proue, l’influenceur à tant de followers, qui fait cette discipline, qui a ce niveau, qui représente cette marque plus ou moins côtée. Et on s’imagine que cela détermine notre valeur en tant que cavalier (et très souvent, celle-ci est proportionnelle à la valeur de ses achats).

Aujourd’hui, j’ai un autre regard sur les réseaux. J’apprécie toujours les belles choses, mais je me demande d’abord :

  • Mon cheval en a-t-il vraiment besoin ?

  • Ce produit tiendra-t-il dans le temps ?

  • Est-ce que j’achète par envie, par nécessité, ou par influence ?

    Je vends en seconde main, j’entretiens mes affaires, et je privilégie les marques dont les valeurs me parlent. Ce n’est pas parfait, mais c’est un début.

Consommer moins, aimer plus

Le vrai luxe aujourd’hui, ce n’est pas d’avoir la dernière collection Dada Sport, c’est de vivre son équitation avec sens et authenticité.

Remettre le cheval au centre, acheter en conscience, soutenir des marques éthiques — voilà ce qui donnera de la valeur à notre pratique.

Et toi, où en es-tu dans ta consommation équestre ?

Partage ta réflexion en commentaire, ou ta sélection de marques éthiques et responsables sur le blog pour continuer ta transition vers une équitation plus consciente. 🌿